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Baudelaire et Poe ! |
FAMINEGraham Masterton - Editions Naturellement LA MARCHE MYSTERIEUSERobert Mac Cammon - Editions Naturellement LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDONSacré Stephen King
! LIVRE DE SANG
Les Gardiens de la porte Graham Masterton a développé dans ce roman le thème des mondes parallèles. Donc Masterton écrit bien de la science-fiction. Et là alors quid de la pauvre séparation entre SF et fantastique ? Car ce roman est éminemment fantastique ! Du bon Masterton avec pas trop d'horreurs. Mon ami Graham cherche visiblement avec ce roman une adaptation cinématographique. Ce qui est plaisant, une fois de plus, c'est l'aptitude de l'auteur de partir d'une comptine enfantine pour ouvrir grand les portes de Londres... euh, je voulais dire de l'imaginaire... (Aux Presses de la Cité) Coeurs perdus en Atlantide Stephen King s'étale, s'étale... On s'ennuie mais on reste rivé au livre. C'est là tout le talent de cet écrivain. Pour ceux qui ont été jeunes dans les années soixante, ça rappelle des souvenirs. Un peu trop américains, mais, que voulez-vous... (Chez Albin Michel) Rêves égarésGraham Joyce J’avais été séduit par l’idée d’un autre livre de Joyce : Indigo. Mais je m’y étais ennuyé. Alors j’ai tenté une autre lecture. Dans Rêves égarés l’action se passe sur une île grecque. L’action ? Il n’y en a pas. On s’ennuie sur cette île, de baignades dans le plus simple appareil en beuveries et gueules de bois. Deux couples, une maison (hantée ?) sur laquelle on peut lire l’inscription : « Haus der verlorenen Traume » (Maison des rêves perdus, d’où le titre…) Ce livre est publié dans la collection « Terreur ». Mais n’ayez crainte, vous ne serez jamais terrifié. « Sur l’île, la révélation était toujours imminente » écrit l’auteur (page 304) » Dans le livre aussi et jusqu’à la fin elle reste imminente. Si on réfléchit un peu, on comprend le but de l’auteur. Il écrit page 61 : « Il détestait la féroce puissance obscurantiste de l’Eglise orthodoxe grecque ainsi que de l’Eglise catholique… » Et il fait dire à son personnage principal, sur la sainte Trinité : « Premièrement, personne ne raconte jamais toute l’histoire. Deuxièmement, il ne faut même pas essayer. Troisièmement, si quelqu’un essaie, il ne faut pas le croire. » Cette « plaisanterie » peut aussi très bien s’appliquer au livre lui-même ! Je vais de ce pas lire « L’intercepteur de cauchemar ». Mais j’ai peur ! De m’ennuyer... (Critique publiée dans Sfmag N°17) Graham Joyce, Rêves égarés, Pocket/Terreur 384 pages. Trad.Michelle Charrier Histoire naturelle des dragons Michel Meurger Terre de Brume 250 pages 119 FF J'ai toujours admiré comment Michel Meurger traite des sujets de folklore avec sérieux et obstination. Il utilise sa bonne vieille méthode dans ce livre qui traite des études sérieuses (naturalistes, si on peut dire) qui ont été menées sur les dragons; Eh oui, il faut savoir que de nombreux naturalistes se sont penchés sur cette tâche. Avec plein de preuves : témoignages, ossements, etc. Et, comme d'habitude, Michel Meurger traite tout cela en scientifique, froidement, sans parti pris. Donc, il faut bien comprendre comment et pourquoi on pouvait croire aux dragons pendant des siècles. A la base, il y a la bible et son serpent et les histoires de serpents géants ramenés d'Afrique ou d'Amérique n'ont fait qu'alimenter cette foi. Pour une fois, une étude sur les dragons parle de la Tarasque, dragon rhodanien subjugué par sainte Blandine (l'une des saintes qui accostèrent aux Saintes Maries de la Mer (mais Michel Meurger ne le dit pas...). Par contre pas un mot sur cet autre dragon rhodanien: le Drac. Enfin, ne soyons pas trop exigeant... Et notre auteur ne manque pas de souligner que notre vénéré Dom Calmet (1672-1757), auteur célèbre d'une étude sur les vampires, a aussi étudié les dragons. Il possédait même chez lui un crâne de cette fabuleuse et féerique bestiole ! Sinon, n'oubliez pas de vous procurer à tout prix le dernier numéro de Phénix sur les Dragons, non mais ! Autres oeuvres de Michel Meurger que j'ai particulièrement appréciées même si on s'ennuie à mourir dans ses longues études : les deux "scientifictions" et "Lovecraft et la SF" chez Encrage. (Critique publiée dans sfmag N° 17)
Quelques livres de Dan Simmons "Les feux de l'Eden - Les fils des ténèbres - Le chant de Kali - Nuit d'été - L'Echiquier du mal" Dan Simmons est un très grand écrivain. Un très gros travailleur qui réalise des recherches approfondies pour ses romans. Les trois premiers dont il est question ici traitent (de manière romancée bien sûr) de l'Inde et d'Hawaï avec leurs mythologies et de la Roumanie avec ses vampires. J'ai particulièrement apprécié la noirceur de l'ambiance mort-vivant de Kali et l'humour macabre des mythes Hawaïens. Quant à la Roumanie, le problème des orphelins y est traité à la lumière de l'exploitation vampirique si bien imaginée que l'auteur réussit le tour de force d'écrire un roman très original sur les vampires. Je lui reproche, comme à tous les écrivains anglo-saxons d'être trop long. Ainsi nous avons droit à la description détaillée des laves et des volcans répétées plusieurs fois, comme celle des paysages hawaïens. De même on finit par se lasser des soucis financiers du milliardaire. Mais ce n'est pas grave on tourne les pages en lecture rapide... Ainsi, dans "Nuit d'été", la description de l'école et la présentation des personnages se développe à la façon de Stephen King. Pas étonnant que ce dernier ait adoré ce livre... D'ailleurs il est normal qu'un "monstre" de la littérature aime le travail d'un autre "monstre". Eh bien ce diable d'écrivain (Dan Simmons) vous scotche à son livre et vous énerve avec toutes ses descritpions alors qu'une seule chose vous intéresse : que va-t-il se passer ensuite ? Il est tellement bon qu'il rend crédible cette véritable invraisemblance : cinq enfants de douze ans aussi courageux et déterminés que des mercenaires entraînés chassent des morts-vivants quasiment invincibles... Ce mec est vraiment le meilleur ! "L'échiquier du mal" est long, trop long. Arrivé au quatrième tome de l'édition Denoël, on fatigue. Il y a eu beaucoup de morts, cette vieille salope de Mélanie s'en tire toujours. Dan Simmons,se soulage de ses fantasmes sexuels (comme de sauter une hôtesse de l'air dans les toilettes) et, étant surdoué lui-même, il extrapole ce que peuvent faire des êtres surdoués dotés de l'esprit du mal. Je ne trouve pas que ce livre soit son chef-d'oeuvre. Retour en haut de la page
Le Comte de Saint Germain Vampire
Cheslea Quinn Yarbro Yarbro présente une sacrée ambition littéraire avec ce livre et ses suites. Ni plus ni moins, elle a la velléité de produire un chef-d'oeuvre à la Bram Stoker avec son Dracula. Elle utilise donc également un personnage historique sulfureux (car le comte de Saint-Germain a existé) et le même procédé littéraire d'utiliser des extraits de lettres. Elle va jusqu'à utiliser le style pédant et ampoulé du 18ème siècle pour rendre l'atmosphère plus vraisemblable. Comme Vlad l'empaleur ne fut jamais vampire (qui sait ?), Saint-Germain fut seulement un peu occultiste sur les bords et déclarait à qui veut l'entendre qu'il était immortel. Yarbro explique le phénomène par l'état vampirique de son héros. Elle le met d'ailleurs en scène dans une nouvelle que j'ai publiée avec Léa Silhol dans son recueil " De sang et d'encre ". Il est dommage que Yarbro confonde "sorcier" et "alchimiste" (ce n'est pas du tout, mais pas du tout, la même chose) et qu'elle reste beaucoup trop pudique sur les formidables scènes de sexe qu'elle évoque. Par contre, le lecteur saura tout sur les tenues vestimentaires des hommes de l'époque. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est la base de l'intrigue et l'explication de la lutte entre le bien et le mal. Je cite : Il existe un pouvoir qui n'est que ce qu'il est. (..)Quand il nous élève et tourne nos regards vers le bien (...) et les merveilles nous le nommons Dieu. Et quand il est utilisé à des fins de torture, de souffrance et de dégradation, alors nous le nommons Satan. Voilà qui est puissant comme tout le livre ! Chelsea Quinn Yarbro - Le comte de Saint-Germain, vampire - Pocket Terreur - 416 pages. Retour en haut de la page
La Mère des tempêtes
John Barnes Quel pavé ! Barnes nous présente la société humaine et la Terre dans un proche avenir : en 2O28. Sa vision politique de l’espèce humaine est restée très naïve, très grossière. Mais enfin…. Cela a peu d’importance. Donc, en 2028, l’Alaska est devenu indépendant et l’ONU a découvert que ce nouveau pays stockait un dangereux armement au fin fond de l’océan polaire. L’histoire commence par la description de l’attaque par un vaisseau spatial qui envoie des missiles dans ce fond marin glacé et ténébreux. Or, il y a énormément de méthane dans la structure « cristalline » de l’eau soumise là à une énorme pression et une température très basse, formant des « clathrates ». On se demande d’ailleurs comment les « missiles » pouvaient y être stockés. Bref, le méthane se dégage dans l’atmosphère en quantité Hénorme et en peu de temps. Or, le méthane est un puissant gaz à effet de serre, bien plus puissant que le gaz carbonique. Il a une période de vie très courte car il a vite de fait de se transformer en gaz carbonique et vapeur d’eau sous l’effet de l’oxygène (et particulièrement de cette « variété » d’oxygène que constitue l’ozone) et des rayons ultraviolets. Mais là, il y en a trop d’un coup. Et la température de l’océan pacifique grimpe car l’atmosphère chargée de méthane retient la chaleur.. Et quand l’eau de mer atteint et dépasse les 27,5 °C, alors elle alimente les cyclones en énergie. Et là, je ne vous explique pas l’Hénormité des cyclones… Ce terrifiant phénomène climatique (qui nous attend peut-être) engendre également les batailles politiques des uns et des autres pour, soit l’utiliser à des fins politiciennes, soit limiter ses effets, et, d’autre part, la vie des personnages engagés dans cette affaire planétaire. Ce qui permet à l’auteur de développer de multiples genres de la SF. La Hard science d’abord car, en lisant ce livre, on sait tout sur la formation des cyclones, mais aussi, sur l’étonnante évolution des virus informatiques qui servent à l’espionnage et remplacent James Bond (les « datarats »). Plus prodigieux encore : l’abandon de la conquête spatiale (une influence de la politique américaine dans ce domaine quand l’auteur a écrit son livre ?) - seulement poursuivie par la… France - laisse l’exploitation de la Lune par des robots et la présence d’un seul homme dans une station spatiale, ce qui permettra de trouver une solution au problème grâce au passage d’une comète à proximité de la Terre. Cet homme refuse d’ailleurs de revenir sur Terre. Et encore mieux : les nouvelles techniques de communication avec canaux directement branchés sur le système nerveux permettent aux virus de s’introduire dans votre cerveau… et… modifie quelque peu la sexualité… Ben ! Lisez le livre ! Quelle imagination ce Barnes. Au début, il ne faut pas se perdre. On se demande quel est le lien entre tous ces personnages qu’on retrouve plus tard… Et puis on s’intéresse à ce proche avenir car on y trouve des prolongements intéressants sur le plan technique et scientifique, et aussi dans la société et ses mœurs de communication et de développement de la numérisation, du virtuel. Alors, courage : il y a 702 pages format poche à lire, mais vous ne le regretterez pas. Retour en haut de la page
Flammes d’enfer
Jonathan Carroll Carroll a commencé à m’ennuyer pendant les cent premières pages avec son style nonchalant et sa manière de lancer des allégories comme dans les évangiles. Mais j’avais déjà lu « L’enfant arc-en-ciel » et je connaissais bien mon bonhomme. Quand on a fini son livre on sait tout des goût culinaires des personnages, quand ils prennent une douche, de quelle manière ils pincent la bouche quand ils mentent, etc. Pourquoi on ne peut donc pas lâcher ce bouquin ? Voilà de la littérature ! Petit à petit on se prend dans les fils du bizarre qui apparaît par petites touches sans que le style nonchalant de l’écrivain ne soit abandonné. Cette nonchalance irrite un peu, suffisamment pour se prendre encore plus au jeu. Et on comprend petit à petit le problème du personnage principal : le narrateur. Une histoire magique inspirée d’un conte des frères Grimm. Un petit chef-d’œuvre d’horreur telle que certains contes d’enfant peuvent inspirer. On retrouve quelques personnages qu’on avait rencontrés dans « L’enfant arc-en-ciel ». Ce pourrait être un signe de manque d’imagination. Mais non, au contraire, ce livre démontre une énorme imagination qui rend hommage à l’imagination populaire, en la remettant à l’honneur, et en remisant les frères Grimm à leur simple place de pilleur de contes… Excellent livre ! Retour en haut de la page
Le livre des contes perdus
J.R.R Tolkien Tolkien n’est pas simple à lire. Mettre cela sur le dos de la traduction ne change rien à la complexité du langage de l’écrivain. J’ai constaté que « Le seigneur des anneaux » a été publié en collection pour les enfants. Je ne suis pas sûr qu’ils y trouveront leur compte. Enfin, il manquait cette édition des contes perdus « retrouvés » par la famille puisque cette édition est établie par Christopher Tolkien et traduite par Adam Tolkien. Rassurez-vous, ce texte français n’est pas plus simple que celui du « Seigneur des anneaux ». Première phrase du premier conte « La chaumière du jeu perdu » : Maintenant il se trouva en un temps que le voyageur venu de pays lointains, un homme d’une grande curiosité, fut par le désir de pays étranges et d’us et de demeures de peuples inhabituels mené par bateau tant loin à l’ouest que l’Île solitaire elle-même. Ouf ! Tout le livre (689 pages d’une petite police) est du même style. Mais n’est-ce pas justement ce style qui fait le bonheur du véritable amateur de Tolkien en littérature ? Ce style contribuant au dépaysement, à la nostalgie d’une époque révolue (même si on se demande si elle a vraiment existé…) où la Nature était généreuse envers ses créatures, l’Homme en particulier. Ce livre est donc une somme, incontournable pour le véritable amateur de Tolkien. Il comporte un dictionnaire des « Noms dans les contes perdus », absolument indispensable. Un livre mythique d’un écrivain qui l’est devenu depuis longtemps. Retour en haut de la page
HISTOIRES MYSTÉRIEUSES
Isaac Asimov
Fallait-il éditer ce recueil ? Pour ma part, j’ai toujours eu de l’admiration pour cet écrivain quand il sait décortiquer des pastiches scientifiques comme le sublime « Les propriétés endochroniques de la thiotimoline sublimée » dont il est d’ailleurs fait allusion dans la meilleure nouvelle de ce recueil « La cane aux œufs d’or » également un bijou de pastiche scientifique (le seul du recueil…). Autrement Asimov est nul en droit et il aurait mieux fait de laisser aux spécialistes telle qu’Agatha Christie le soin de mener des enquêtes policières… Il faut noter au passage que l’écrivain a donné à son enquêteur le Dr Urth quelques unes de ses phobies, comme celle des voyages en avion… Histoires mystérieuses d’Isaac Asimov Folio SF 440 pages traduction Michel Deutsch. LUNATIC CAFÉLaurell K. Halmilton Petite mais teigneuse, Anita Blake vit et travaille comme détective privé (et surtout comme réanimatrice de zombies…) sur notre Terre peuplée de monstres divers. Ce qui est intéressant c’est que leur existence est avérée et, mieux même, ils ont des droits et des devoirs, ils sont soumis à un véritable code de la monstruosité. Ce qui est intéressant également c’est la variété de ces monstres et l’existence de quasiment toutes les créatures de l’imaginaire. Ce quatrième volume des aventures d’Anita Blake se consacre plus exclusivement sur les loups-garous, de manière plus large, à tous les animaux-garous qu’elle puisse inventer… Un peu de sorcellerie et des aventures sexuelles (décrites avec plus de pudeur que les atrocités…) pimentent tout cela avec bonheur. Anita est attirée sexuellement par Jean-Claude le maître vampire et amoureuse de Richard le loup-garou… Ce qui ne l’est pas (intéressant) ce sont les longues conversations inutiles, les circonvolutions sans fin de coups de théâtre alors qu’on sait très bien comment tout cela va finir… En un mot : trop long ! Néanmoins, je me suis attaché à ce formidable petit bout de femme. Quelques
exemples : Il est illégal de faire de la discrimination vis-à-vis des
lycanthropes. – Il arrive que des gargouilles tuent des gens mais c’est assez
rare. La meute la plus proche niche à Kelly… – Les nagas sont issues du
folklore hindou, (sous la forme) de serpent, d’humain ou hybride, ce sont les
gardiens des gouttes de pluie et des perles. Les volumes précédents : Le cirque des damnés – Plaisirs coupables – Le cadavre rieur… Tous des noms de cabarets assez dangereux à fréquenter. Sfmag a critiqué les deux derniers dans deux numéros précédents. Lunatic Café de Laurell K. Hamilton – Traduction Isabelle Troin – Pocket terreur – 478 pages OPÉRA
MACABRE
Thomas Tessier Pas très bien écrit (ou mal traduit ?), pas beaucoup d’imagination, beaucoup de scènes de sexe pas très excitantes, on se demande pourquoi l’auteur a placé cette histoire d’Oustachis (ce sont des nazis croates, les pires de tous les nazis…) en… Italie du sud, juste en face des côtes dalmates qui ont vu historiquement se dérouler les horreurs dont il est question dans ce livre. On s’ennuie, pas de suspens, on s’attend à tout,
mais ce très court texte, qui pourrait se contenter d’être une nouvelle, laisse
un vague souvenir d’horreur dans ma tête…
LES
TROIS IMPOSTEURS
Arthur Machen Voilà encore un auteur qui influença considérablement Lovecraft. La description inquiétante des paysages de la Nouvelle Angleterre, il l’a copiée sur le style de Machen ! “Le
Trois Imposteurs“ est le roman complet que Machen avait écrit et qui avait été
partiellement publié (mutilé ?) en France. Si on connaît ainsi les
“nouvelles“ La Poudre blanche, Le Sceau noir, La Vierge de fer, on ne
sait pas en général qu’elles ont été séparée du corps de l’ouvrage : Les
Trois Imposteurs. Cette injustice réparée nous la devons à “Terres de brumes”. Ce roman est prodigieusement intéressant car il contient, que dis-je, son support, sa chair, sont constitués de l’ironie la plus parfaitement horrible, mais de cette horreur si latente, si potentielle et si réelle bien que tout est indiqué dans ce livre que peut-être le fantastique ne l’est pas, il est tout simplement la réalité ! Votre
copain Machen est un génie pas de doute, mais je ne l’emporterai plus jamais au
lit, déclare Arthur Conan Doyle en parlant des Trois Imposteurs… LES PIRATES FANTÔMES
William H. Hodgson On connaissait déjà le chef-d’œuvre d’Hogdson : “La maison au bord du monde” publié autrefois par le Livre de Poche (après les éditions OPTA – 1970). Ce roman qui rassemble différents textes a certainement influencé Lovecraft. Il faut également absolument le lire d’autant plus qu’il est édité par le même éditeur ! Hogdson (1877-1918) a été marin dans sa prime jeunesse (Il est mort à la guerre en France). Il a certainement gardé un bien mauvais souvenir de cette expérience, qui, pourtant, donne à son roman “Les Pirates fantômes“ un attrait par le fait que l’imagination de l’auteur a implanté des phénomènes de hantise dans un bateau à voiles dont il connaît le fonctionnement dans les moindres détails. Le style de l’écrivain anglais est si adapté à la condition de marin du narrateur que l’on s’y croit dès les premiers mots écrits. Petit à petit nous vivons les mêmes terreurs que ces marins suspendus dans les mâtures comme dans un monde normal pour eux, mais déjà fantastique en soi pour le commun des mortels. Comme Hodgson l’a fait dans ses histoires du détective de l’étrange “Carnacki” (Néo – 1982 et 10/18 – 1995), il sait philosopher sur les phénomènes dont il est question dans sa fiction. « Tu ne vois donc pas que, dans un état normal nous pouvons ne pas être capable d’évaluer la réalité de l’autre forme d’existence ? Mais ces êtres peuvent être doués à leurs propres yeux d’une réalité (…) » Fantastique ! Retour en haut de la pageARMAND LE VAMPIRE
Anne Rice Anne Rice s’est fait beaucoup d’argent avec les vampires, il n’y a donc pas de raison qu’elle s’arrête ! Voici le sixième volet de sa saga vampiresque. Avec Armand cette fois. Il s’agit plus d’un roman historique que d’une histoire fantastique. Les vampires y sont toujours aussi “chochottes“, (une expression employée par John Carpenter et qui semblait viser les vampires d’Anne Rice) et on s’ennuie à mourir. Si vous aimez… Retour en haut de la page LE LIVRE DES CONTES PERDUS J.R.R Tolkien Tolkien n’est pas simple à lire. Mettre cela sur le dos de la traduction ne change rien à la complexité du langage de l’écrivain. J’ai constaté que « Le seigneur des anneaux » a été publié en collection pour les enfants. Je ne suis pas sûr qu’ils y trouveront leur compte. Enfin, il manquait cette édition des contes perdus « retrouvés » par la famille puisque cette édition est établie par Christopher Tolkien et traduite par Adam Tolkien. Rassurez-vous, ce texte français n’est pas plus simple que celui du « Seigneur des anneaux ». Première phrase du premier conte « La chaumière du jeu perdu » : Maintenant il se trouva en un temps que le voyageur venu de pays lointains, un homme d’une grande curiosité, fut par le désir de pays étranges et d’us et de demeures de peuples inhabituels mené par bateau tant loin à l’ouest que l’Île solitaire elle-même. Ouf ! Tout le livre (689 pages d’une petite police) est du même style. Mais n’est-ce pas justement ce style qui fait le bonheur du véritable amateur de Tolkien en littérature ? Ce style contribuant au dépaysement, à la nostalgie d’une époque révolue (même si on se demande si elle a vraiment existé…) où la Nature était généreuse envers ses créatures, l’Homme en particulier. Ce livre est donc une somme, incontournable pour le véritable amateur de Tolkien. Il comporte un dictionnaire des « Noms dans les contes perdus », absolument indispensable. Un livre mythique d’un écrivain qui l’est devenu depuis longtemps. Retour en haut de la page
LE
FEU AUX POUDRES 1
La Détente Arthur C. Clarke Michael Kube-McDowell Des scientifiques font une découverte par hasard (comme c’est souvent le cas pour les découvertes importantes). Une machine appelée « La Détente » fait se consumer à distance tous les explosifs à base de nitrates. Comme on le sait la plupart des explosifs sont à base de nitrates. Ainsi, on peut lire page 80 : … la plupart sont à base d’une demi-douzaine de composants primaires tels que le nitrate d’ammonium…Ah ! Ça ne vous dit rien ? A Toulouse ! Le nitrate d’ammonium est un explosif… Depuis le temps qu’on le dit… Enfin revenons en à notre « Détente ». Quelles seraient les conséquences politiques et sociales d’une telle découverte ? Voilà un sujet intéressant pour notre vieil ami Arthur C. Clarke. Eh bien elles sont considérables : cette « arme pacificatrice » permet de détruire quasiment toutes les armes non nucléaires, mais à contrario, permet à celui qui la possède d’assurer sa suprématie en détruisant celles de son adversaire tout en conservant les siennes. On voit un peu l’enjeu. Elle permet aussi de détruire tous les champs de mines à très grande vitesse sans risque, et certains personnages du livre envisagent même de mettre en pratique l’interdiction des armes à feu aux USA, ce qui n’est pas une mince affaire là-bas ! Bref voilà qui est excitant. Mais le livre est un peu long, il publie intégralement les discours ennuyeux du président US et fait preuve d’une très grande naïveté sur le monde politique. On a lu mieux dans ce domaine avec « Famine » de Masterton. Ceci dit, comme à l’accoutumée, Clarke n’écrit pas sans un énorme travail de documentation : le système militaire américain est décortiqué, de même que tous les armements sophistiqués. Passionnant. Etant donné son très grand âge, Clarke s’est fait aider par un autre écrivain. On attend la deuxième partie avec impatience, car nos valeureux chercheurs n’ont toujours pas découvert comment fonctionne « La Détente »… Retour en haut de la page
LE
STYX COULE À L’ENVERS
Dan Simmons Je le dis d’emblée : j’adore Dan Simmons. Mais là je n’ai pas aimé. Mais pas du tout. On a rassemblé ici des textes hétéroclites qui se rapportent de plus ou moins loin à la mort avec, pour chacun d’entre eux des présentations poussives de l’auteur. Au cas où on l’ignorerait, on apprend comment Harlan Hellison a fait connaissance avec l’auteur alors élève d’un atelier d’écriture dans lequel il avait pondu la nouvelle qui a donné le titre au recueil. Cette nouvelle a gagné le concours de la revue Twilight Zone Magazine. Comme quoi ces concours de magazines de SF ne sont pas futés ! ( ;-)) Enfin bref : pas terribles ces textes. Ennuyeux, tirés en longueur. Il y a même au milieu une espèce de journal de l’écrivain… Un passage est pourtant particulièrement intéressant, celui dans lequel il raconte son voyage en Roumanie, visite des lieux où se déroule l’action de son magnifique roman « Les Fils des ténèbres ». La seule nouvelle qui m’a plu est « Métastase », bien macabre ; la fin est un peu trop « chrétienne » au sens du sacrifice du christ… J’aurai aimé « Le Conseiller » mais la morale est poussée un peu loin. Citation : « Mais le cinéma est le meilleur baromètre de la mentalité d’une époque. Durant la Dépression, nous allions voir des films sentimentaux. Avant et pendant la seconde guerre mondiale, tous les méchants étaient des Japonais ou des nazis. Et aujourd’hui, nous sacrifions des enfants possédés du démon et des adolescents meurtriers. » Ouais ? Enfin bref si ce n’avait pas été Dan Simmons… S.P. Somtow Ce roman s’inscrit dans la série de « The Crow ». Il a l’originalité de dérouler un récit complexe dans lequel se mêlent bien sûr la tradition du « corbeau », qui intervient assez tard, et les légendes et tradition bouddhistes. L’être humain n’est ni bon ni mauvais. « Les gens ne sont pas mauvais.(…) Le véritable mal vit dans le monde surnaturel. » pense l’héroïne ; et là justement le lecteur est surpris car le héros n’est pas celui qu’on le croit, car le réel n’est qu’illusion et le rêve est plus concret que le monde ; il est plus horrible aussi, atroce jusqu’à ce qu’il rejoigne notre vie. « Parce qu’il faut toujours éviter de penser trop simplement. C’est ce que font les farang, vois-tu. », déclare le même personnage. Un tueur en série, un véritable boucher qui a des motivations supérieures. Il tue parce que le monde en a besoin. Un véritable livre de terreur. Claude Fierobe Cette maison d’édition développe son travail d’édition de textes de la culture celte. Ici, le livre réunit douze nouvelles d’auteurs irlandais, textes publiés entre 1825 et 1915. Histoires courtes basées sur un folklore ou même des histoires vraies. Un petit bijou en vieil argent qui enchâsse douze pierres précieuses. «Le dernier mot à l’anthologiste qui a également préfacé le recueil : « Des pages sépulcrales de Maturin aux rêveries lumineuses de Clotilde Graves, la palette fantastique se montre ici d’une étonnante diversité dans l’évocation du mystère. » C’est à la fois un hommage et une conception du fantastique dans la littérature. Stephan Wul Lorsque j’étais très jeune, mon oncle possédait une collection des livres SF de chez Fleuve Noir. Mon auteur préféré, était Stephan Wul. Quel désespoir fut le mien de constater qu’il s’était arrêté de publier en 1959… Certaines de ses œuvres sont devenues des grands classiques. Dix-huit ans après, je ne l’avais pas oublié et je sautai de joie en voyant sur les rayons de mon libraire ce Noô publié en deux volumes chez Denoël. Un petit chef-d’œuvre ! Aucun auteur français n’égale ce cher Stephan ! Car il mêle trois énormes qualités chez un écrivain : un très grand talent, une belle imagination et, surtout, une modestie qui devient chez lui un art littéraire. Ma joie est aussi grande qu’il y a vingt-cinq ans de voir Folio/SF publier ce roman. Stephan y montre son art, sa capacité incroyable d’imaginer des mondes, des sociétés, des « ethnies », cohérentes et surprenantes, avec une base scientifique inattaquable. Un jeune homme veut s’initier chez les Indiens du Vénézuela pour rencontrer un dieu : le grand homme d’or, el Dorado ! Qu’il finira par rencontrer ; el Dorado le sauvera et l’emmènera vers des aventures incroyables. Des mondes où il devra se protéger en s’enduisant le corps d’une mycose, où une lèpre détruit les corps et excite l’appétit sexuel en proportion de la destruction des corps, ce qui donne des accouplements très très scabreux, et enfin, cette plaine, ce désert apparent du Chaos central, ce Noôzome, ces gisements de noôfères… et qui s’avèrent exister dans bien d’autres endroits. De l’énergie mentale !!! Pour finir l’habituelle citation : La plume est un sca lpel ébréché. Je m’écorche et j’extirpe au jour de vieux fils de tendresse et des nœuds de chagrin.(page 23…) Un très grand écrivain ! William Burroughs Voilà Gallimard qui publie ce roman dans sa collection SF de poche ! Bravo !!! Ce livre, écrit sous l’emprise de la « came » – de toutes sortes de « cames » – remanié par les amis de l’auteur est devenu un livre culte. Sous l’emprise de ces « produits » l’auteur se retrouve dan un autre monde qu’il appelle l’Interzone, mot qui devait être le titre du livre au départ. Ce « roman » est trois choses à la fois. D’abord
un mode d’emploi de la « came ». « La jouissance d’une piqûre
de morphine est viscérale : on s’écoute vivre jusqu’au fond de soi-même.
Mais la coco c’est de l’électricité dans le cerveau. » (Page 58) Et
aussi son utilité : « Tant que nous n’aurons pas une connaissance
plus précise de l’électronique du cerveau, la drogue restera l’instrument
essentiel de l’Interrogateur chargé d’anéantir la personnalité du sujet. »
(Page 59) Deuxièmement
une description du totalitarisme et de la tentative du « camé » de
s’en défaire grâce à la came (je ne mets plus les guillemets). Mais ce pauvre
drogué se retrouve sous l’emprise d’un autre totalitarisme : celui de la
drogue elle-même ! Ainsi, William a une opinion sur la manière d’éliminer
la dope : « Si l’on veut détruire la pyramide de la came il faut
commencer par la base, c’est-à-dire le camé de la rue et cesser de jouer
au Don Quichotte en s’attaquant aux soi-disant “pontes” des échelons
supérieurs, qui sont remplaçables au pied levé. Car le camé du trottoir –
celui qui a besoin de came pour pouvoir se maintenir en vie – est le seul
facteur irremplaçable dans l’équation de la drogue. Quand il n’y aura plus de malades pour en
acheter, le trafic de la drogue cessera aussitôt de lui-même. » (Page 13) Troisièmement, le récit de tous les fantasmes du camé. Et bien sûr, beaucoup de ces fantasmes sont sexuels : « Allez-y ! Braille-t-il. Tous les trous sont permis ! » (Page 124) Et comme Burroughs est homosexuel, même les femmes enculent les mecs ! « Elle lubrifie le gode, lève au ciel les jambes de Johnny et le plante en tirebouchonnant les hanches . » Pour
conclure, je laisse encore la parole à William Burroughs, une parole désespérée
de camé : « Un camé en renonce peut rendre une maison invivable
avec son odeur de mort, et puis il suffit d’aérer pour que l’endroit retrouve
la puanteur à laquelle les bons citoyens sont accoutumés. » (page 314) Ce livre est un chef-d’œuvre dans laquelle il est difficile de rentrer comme la première bouffée de fumée est dure pour le néophyte, mais ensuite on ne peut plus s’en passer. Pas vrai les mecs ? Retour en haut de la page
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