La vérité sur les Etoiles de Renaudie

 

J’habite le quartier des Etoiles de Renaudie (Le Vieux Givors en centre-ville) depuis mai 1980. Cela fait donc plus de 32 ans.

J’ai été passionné par cette architecture, et je le suis toujours.

C’est une vraie architecture novatrice, car Renaudie a su partir d’une base très simple (un module de piliers de 5x5) pour réaliser une architecture complexe lui permettant de construire près de quatre cents logements tous différents les uns des autres. Cette œuvre a fait l’objet de plusieurs récompenses, de plusieurs expositions nationales et l’édition d’un timbre de la Poste sur l’architecture moderne. Quel bel hommage ! Je possède dans ma bibliothèque différents ouvrages sur l’œuvre de ce grand architecte.

En plus de ses ambitions architecturales, Renaudie affichait aussi des ambitions sociales, d’intégration de services publics, de mixité sociale, de « revanche des serfs sur le seigneur du château » comme il l’avait déclaré sur TF1.

Sur ce plan-là ce quartier est un échec complet. Les « serfs » ne se sont pas vengés !

Echec sur la mixité sociale.

Sur près de quatre cents logements construits, quelques dizaines seulement sont des accessions à la propriété et, pour la majorité d’entre elles, des accessions sociales.  Tous les autres sont des logements sociaux.

En ce qui concerne l’intégration des services publics c’est un échec aussi : le commissariat n’a pas pu tenir et a dû être déplacé et même la crèche est déplacée par la municipalité actuelle !

D’autre part, même si j’entends bien qu’un quartier peut évoluer, il faut quand même noter que l’utopie de Renaudie a été mise à mal par la démolition d’un immeuble place Henri Barbusse par la municipalité de Passi, l’escalier qui donnait accès aux terrasses publiques de la médiathèque a été démoli et remplacé par un escalier métallique, les bancs de pierre situés à l’origine sous les terrasses du 1 place Henri Barbusse ont été démolis car ils permettaient des rassemblements nocturnes bruyants, plusieurs « traboules » ont été supprimées. La terrasse publique installée à grand frais au sommet de l’immeuble situé au début de la rue Saint Gérald était devenue le rendez-vous des dealers et a été également supprimée. L’accès aux terrasses publiques de la médiathèque a été restreint.

L’installation de « commerces » en rez-de-chaussée des immeubles est également un échec. Aucun commerce n’a été installé sous l’immeuble du 12 rue Saint Gérald, dont les rez-de-chaussée restent désespérément vides depuis 32 ans. Pour le reste, ce ne sont que des banques et des administrations qui se sont installées. Le seul commerce qui avait été créé a dû fermer ses portes.

Sur le plan social et ce qu’on appelle, par effet de mode, le « vivre ensemble » c’est aussi un échec complet.

Je peux en parler en connaissance de cause pour y habiter.

Pour illustrer mon propos je ne vais pas fournir mon témoignage personnel (que j’ai publié dans plusieurs de mes ouvrages, notamment dans « fandom »(1) disponible gratuitement en téléchargement) mais je vais citer les rapports officiels des documents de la convention urbaine de cohésion sociale (CUCS) concernant le centre-ville de Givors. Car le centre-ville de Givors est classé depuis de nombreuses années en quartier difficile en grande difficulté.

Dans la convention 2008-2010, on peut lire :

« Déclin de l’activité commerciale – présence d’un nombre important de logements sociaux – vacance importante du parc de logements privés très dégradés – paupérisation de la population – délinquance encore présente et par voie de conséquence un espace urbain peu convivial et désorganisé. »

Eloquent non ?

Et on peut lire aussi : « Par ailleurs, entre les années 1990 et 2007, le centre-ville de Givors a connu une forte baisse de la population. »

Vous allez me dire, mais qu’en est-il aujourd’hui ?_

Eh bien la situation ne s’est pas améliorée, au contraire !

Dans le CUCS de 2012, adopté au conseil municipal du 30 janvier 2012, on lit :

« Présence importante de familles récemment arrivées sur le territoire givordin, voire sur le territoire national…

« Mauvais entretien voire état d’abandon de certaines terrasses (des Etoiles)

« Le secteur de la place du coteau est difficilement vivable.

« Problème de mobilité psychologique chez les jeunes… décrochage scolaire (illettrisme)… désinsertion de certains jeunes… »

Voilà ! Quel bilan !

Il faudrait parler aussi de la réhabilitation des immeubles Renaudie bâclée par l’OPAC. Aucun traitement des façades n’a été réalisé après leur nettoyage ce qui fait qu’elles sont de nouveau toutes noires.

Mais pourquoi ces façades en béton sont-elles devenues noires ?

Ces façades sont constituées d’éléments en béton qui font office de garde-corps pour les terrasses. Un jour l’épouse de Renaudie m’avait expliqué pourquoi ce phénomène de noirceur assez perturbant se produit : « Ils ont fait une erreur dans le moulage des éléments en béton. Au lieu de faire couler la pluie dans les terrasses, la pente a été inversée et la pluie coule le long des parois en façade, cette humidité favorisant le développement de lichens noirs. » A-t-elle dit.

Donc, ce qu’il fallait faire, c’est un traitement du béton en façade pour que l’eau ne s’imprègne pas mais glisse sans rester collée au béton. Ce que l’OPAC n’a pas fait par mesure d’économie…

Passi avait également confié à l’OPAC l’aménagement du centre-ville par une Convention Publique d’Aménagement. Ce fut un échec retentissant, pratiquement rien n’a été réalisé et l’opération a fait un million d’euros de déficit !

Voilà un bilan globalement très négatif.

Une très belle architecture (et celle de Renaudie est très belle) ne peut pas résoudre les problèmes sociaux.

C’est la politique qui a cette vocation.

Et la politique menée par l’équipe de Passi depuis 1993 n’a fait qu’entretenir la misère et même la développer.

Il est urgent de changer cette politique en mettant à la tête de la mairie une équipe ambitieuse soucieuse des habitants de Givors et de leur ville !

Enfin, sur le plan de la qualité de la construction, Renaudie a déclaré lui-même que, pour baisser les coûts à cause du coût des terrasses, il a dû faire des économies sur l’isolation et sur la qualité des murs, car ces derniers, pour l’essentiel, sont des panneaux en fibrociment…

 

Givors, le 18/10/2012

 

Acheter mon livre « Les Étoiles de Renaudie » publié en 2017

http://www.sfmag.net/sfm/renaudie.htm

 

(1)   « Fandom » peut être téléchargé ici :

http://www.alainpelosato.com/fandom.pdf